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La terre

Lorsque je suis allée rendre hommage à Pierre dans le grand Nord en novembre dernier j’ai, entre autres choses, déposé des petits cailloux pris autour de la tombe de sa sœur à Rennes.

Ensuite, j’ai pris de la terre au pied de sa croix avec l’idée de venir la mettre sur la tombe de Rose.


Il s’agissait pour moi de créer une boucle en quelque sorte, pour, symboliquement, gommer les 500 km qui les séparent et achever de les réunir.


Or, lorsque je me retrouvée sur la tombe de Rose pour poser la plaque funéraire que j’avais commandée, j’ai réalisé que j’avais oublié la terre…

Je l’avais trimballée d’Arras à Bordeaux, de Bordeaux à Rennes où elle était restée, là où j’avais posé ma valise, à l'autre bout de la ville.

Je m’en suis un peu voulu d’escamoter la fin de cet acte symbolique, assez inattendu, en trois ...actes.


J’ai quitté le cimetière, un peu déçue, en empruntant la très belle allée centrale bordée de chênes centenaires et au passage, j’ai ramassé, un peu machinalement, quelques glands qui venaient de tomber.


Chaque automne, quelque chose de l’enfance me pousse à ramasser ce qui tombe des arbres pour les emporter chez moi ; glands, feuilles multicolores et surtout des marrons.

Je ne résiste pas au plaisir de les toucher, de les faire rouler dans ma paume de main, de sentir la douceur de la peau, d’observer les nuances chaudes de la couleur.

Je suppose que je peux relier cette habitude au souvenir des herbiers réalisés avec des buvards ou des récoltes des sorties dominicales en forêt qu’il fallait apporter à l’école pour les travaux manuels (je me souviens des petits cochons faits avec deux marrons et des allumettes…

Je suis née au siècle dernier.


Or, une fois chez moi, c’est en déposant par hasard ces glands près du pot qui contenait la terre que l’idée a germé.


Depuis quelques jours, un futur chêne centenaire sort ses jolies feuilles vert tendre, symbole vivant au quotidien, de tout ce que j’ai accompli pour rendre hommage à mon arrière-grand-mère Rose et à son frère Pierre.

Il fallait juste patienter.






 
 
 

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