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Sophie : la traversée du deuil

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"La question m’a été posée plusieurs fois et par différentes personnes de mon entourage: « qu’est-ce qui t’a poussée vers la psychogénéalogie dans cette période de grand chagrin ? ».

Elle méritait que j’essaie d’y répondre…

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La disparition de ma mère, sur laquelle j’avais beaucoup travaillé avec un psychothérapeute il y a une dizaine d’années, a réactivé la relation fusionnelle que j’avais avec elle.

Cela a réveillé chez moi un terrible sentiment d’abandon.

Pensant avoir largement démêlé les choses et pris une grande autonomie depuis, quelle n’a pas été ma surprise de me rendre compte que, suite à son décès, j’ai pris la place de ma mère que ma large famille m’a immédiatement donnée et ce, naturellement, sans broncher, m’identifiant à elle pour chaque chose, m’informant de l’état des uns et des autres, prenant en main l’organisation des obsèques, puis de l’administratif, me noyant dans ses affaires et sa maison, prenant soin de son compagnon chaque jour. Jusqu’au moment où, deux jours avant sa date d’anniversaire, j’ai eu un grave accident qui m’a immobilisée en fauteuil roulant quelques semaines, ne pouvant plus me déplacer.

Tout s’est arrêté d’un coup.

A ce moment seulement, j’ai pris conscience que je me trouvais dans une situation de souffrance physique telle qu’elle semblait faire écho à la propre souffrance de ma mère, les dernières semaines de sa vie, quand son état de faiblesse ne lui permettait plus de se déplacer qu’en déambulateur.

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La peur m’a envahie. Peur que cette fusion réactivée qui m’avait fait sombrer finisse par me rendre malade, qu'elle me mène, pourquoi pas, jusqu’au cancer, comme elle. J’ai su qu’il me fallait de l’aide.  J'ai compris aussi que c’était bien ma relation à ma mère qui était en jeu, mais également celle qu’elle avait avec sa propre mère, tout aussi fusionnelle et qui l’avait fait elle-même sombrer au moment du décès de celle-ci.

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Je me suis tournée vers Bénédicte, que j’avais rencontrée au cours d’un week-end d’initiation à la psychogénéalogie. Notre travail a commencé quatre mois après le décès de ma mère. Au cours des séances que nous avons faites ensemble et du travail de recherche que j’ai mis en œuvre avec son aide,  un apaisement progressif s’est installé en moi ; moins de souffrance, de manque, mais aussi un retour d’intérêt pour ce qui m’entourait, et ce, étrangement, en allant chercher des réponses dans ce qui ne m’entourait plus :  les évènements du passé vécus par mes ancêtres, les découvertes incroyables des « oubliés » de mon arbre.

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Leur redonner une place m’a permis de faire quelque chose que personne d’autre que moi n’avait fait auparavant pas même ma mère qui s’était pourtant interrogée. J'ai ainsi pu reprendre activement ma place dans cette famille et dans cet arbre. La parole et mes larmes libérées m’ont allégée.

 

Notre travail sur ma lignée maternelle, les vides qu’elle comportait que j’ai pu combler avec mes recherches généalogiques et l’exploration de la lignée des femmes à travers les différents exercices proposés m’ont permis d’avoir accès à des émotions que je ne soupçonnais pas et que j’ai pu déposer.

Cet accompagnement m'a ouverte aussi à une compréhension nouvelle des relations tissées de mère en fille dans notre famille. A travers le dessin, l’écriture, certains actes symboliques, j’ai rendu ce qui appartenait à chacun de perte, de solitude et de chagrin. 

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En rencontrant ces hommes et ces femmes des cinq lignées qui m’ont précédée, en apprenant de leur vie, en découvrant leur parcours, en imaginant leurs peines et leurs peurs, c’est la mienne que, petit à petit, je soignais.

 

Cela m’a paru limpide lorsque je me suis rendue compte que je retrouvais de la sérénité et de la joie ; l’impression de me retrouver moi-même : explorer son passé pour reprendre pied dans le présent et porter un regard vers le futur…

Connaître son arbre pour mieux savoir qui l'on est soi-même.

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Aujourd’hui, ma mère, mon père, mes absents m’accompagnent. Je pense à eux avec tendresse, je raconte leurs histoires à mes enfants. Ils sont toujours avec moi mais ne m’empêchent pas de vivre.
Au contraire.

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Cette exploration psychogénéalogique m’a redonné de la force, de l’énergie. Mes ancêtres et leur histoire sont venus combler ce vide intersidéral que ma mère avait laissé dans ma vie en disparaissant.

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