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Florence : la place vide

Mes parents sont nés en 1924 et 1927 et moi  en 1967.
Je suis la dernière d’une fratrie de 8 enfants.
Une génération me sépare des ainés.
Mes parents sont tous les deux décédés et il ne me reste qu’un frère et une sœur. Je viens d’une famille où on ne parlait pas. Je n’ai pas de souvenirs avec mes oncles, mes tantes, mes cousins, mes cousines parce qu’il n’y avait jamais de réunions de famille.

Lorsque mon père a eu  3 ans, ses parents divorcèrent et il est resté vivre avec son père et sa nouvelle femme.  Puis un jour, il avait entre 7 et 10 ans, on lui a annoncé que sa mère était décédée. Il n’a eu aucun détail sur les causes, il ne vit pas le corps, il n’alla pas à l’enterrement.

 

Quand mon père a eu 48 ans ( j’en avais alors tout juste 5), on lui a annoncé le décès de sa mère qu'il croyait morte depuis plus de 40 ans….Sans doute est-ce la raison pour laquelle il est devenu maniaco dépressif.

C'était un taiseux, il n’a jamais parlé de son enfance. Ma sœur n’a appris cette histoire qu’en 1994, à la mort de notre père. J’étais la seule à savoir le peu que ma mère m’avait raconté.

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Yvonne

Le temps a passé. J’ai toujours eu une sensation de vide, de ne pas être complète car je ne connaissais pas mon histoire familiale et personne ne pouvait me la raconter. J’avais envie de savoir mais je ne savais pas par où commencer. J’ai fait plein de choses  (de la kinésiologie, des constellations familiales, des libérations de mémoires corporelles, des lectures de mémoires akashiques, une thérapie comportementale) pour essayer d’avancer mais il me manquait toujours quelque chose. Je n’arrivais pas à combler cette sensation de vide.Il y a quelques années j’avais démarré mon arbre généalogique sur internet. Même si je pouvais mettre quelques noms sur des personnes, cela ne me racontait pas mon histoire et le manque d’information m’empêchait d’avancer. 

 

En 2022 après un échange avec Bénédicte j’ai décidé de travailler en psychogénéalogie en visio car nous n’habitons pas la même région.

 

Sur l’arbre généalogique de la famille, ma grand-mère, Yvonne n’existait pas. Elle avait été exclue…. personne ne connaissait son histoire, ne savait où elle était enterrée. L’ouverture de mon génosociogramme a permis de la faire figurer dans la famille ;  j’ai été la première à lui redonner sa place.

 

Nous sommes parties avec très peu d’éléments. De fil en aiguille j’ai retrouvé des cousins et cousines dont j’ignorais totalement l’existence. Ils m’ont raconté le peu qu’ils savaient. J’ai même obtenu de précieuses photos de ma grand-mère de parfaits inconnus ! Au fur et à mesure de nos rendez-vous, les situations se sont éclaircies. J’ai pu orienter mes recherches, comprendre le vécu de ma famille, de mon père , analyser les effets, faire des liens.

 

Le 31 mars (j’ai réalisé après coup, que cette date correspondait à la date du mariage de  mes parents… ), je suis enfin allée à la rencontre de ma grand-mère dans un immense cimetière parisien. J’ai préparé cette rencontre et créé un rituel. Ce jour-là, avec beaucoup d’émotions et de fierté, j’ai enfin pu « faire sa connaissance », lui redonner sa place et ce faisant, me sentir à la mienne.

 

Je suis passée par beaucoup d’étapes pendant ce travail en psychogénéalogie, des rires, des doutes, des larmes, des questionnements, des émotions de toutes sortes. 


Aujourd’hui je me sens apaisée, allégée, et les choses avancent enfin pour moi.

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